Près d’un mois après les orages et coulées de boue qui ont frappé le Kochersberg, l’heure est au bilan. La facture est salée à Gougenheim, la commune la plus sinistrée. Certains habitants ont tout perdu. Ils ne savent toujours pas à quelle hauteur ils seront indemnisés.
Le ciel leur est tombé sur la tête. Littéralement. Un orage particulièrement violent, jusqu’à 1 mètre 50 d’eau. Et puis la boue qui a coulé avec toujours plus d’intensité jusqu’en bas du village. C’était dans la nuit du 31 mai au 1 er juin. « A 23H, nous étions dans le canapé, nous avons entendu la porte céder, à 23H05, ma femme a sauvé mon fils de 3 ans dont le lit allait être emporté par la boue. Quarante ans d’une vie partis en quelques minutes », raconte Laurent. La famille loge chez des voisins depuis près d’un mois. L’appartement neuf est inhabitable. Plus de meubles, la voiture est HS, le vespa aussi.
Le compte n'y est pas!
Comme lui, les habitants de Gougenheim préfèrent garder l’anonymat. Ils témoignent avec un prénom d’emprunt. Ils ne savent toujours pas à quelle hauteur ils seront remboursés. Les experts sont passés une première fois, au lendemain du sinistre. Premières constations, premières estimations et une certitude. Le compte n’y est pas. 80.000 euros de dégâts, sans compter les voitures. « Qu’est-ce qu’ils vont décider d’indemniser ? Le plafond pour l’immobilier c’est 24.000 euros, il y en a au moins pour le double » précise Laurent. Il n’a ni factures ni photos de ses biens à fournir à son assurance. La boue a tout emporté. Les experts doivent repasser début juillet. L’attente est interminable pour la famille qui ne pourra pas regagner son appartement avant 4 mois.
44% des habitations sinistrées
A Gougenheim, 44% des habitations sont sinistrées. C’est la commune la plus touchée du Kochersberg. Le maire fait son possible pour la faire classer en état de catastrophe naturelle, le 3 juillet, lors de la prochaine commission. « C’est difficile d’être suspendu à cela pour espérer une indemnisation digne ! », regrette Jérôme qui se bat avec son assurance. Le premier expert lui a expliqué qu’il serait couvert au moins à hauteur de 28.000 euros. Le retour de l’assurance est bien différent. Pour l’instant, il sera finalement indemnisé pour un simple dégât des eaux, 8000 euros, moins de 30% de la valeur de ses biens. Il a déjà payé 5000 euros de sa poche en frais de nettoyage. « On subit l’orage, on se sent démunis, comme des fourmis, face à de gros groupes ». Jérôme dénonce « le » point flou du contrat. Un contrat qu’il a pourtant renégocié dans les détails, l’hiver dernier. La famille venait d’emménager à Noël.
Catastrophe naturelle : que dit la loi?
Vous serez indemnisé des dégâts causés par une catastrophe naturelle uniquement :-Si un arrêté interministériel paru au Journal Officiel constate l’état de catastrophe naturelle pour l’aléa concerné dans la zone où se trouvent vos biens
-ET si vos biens sont garantis en assurance de dommages par exemple en incendie ou en dégât des eaux.
Une franchise légale reste toujours à la charge de l'assuré (380 euros pour les biens à usage d’habitation et non professionnel)
La garantie catastrophes naturelles ne fonctionne pas pour :
-les biens qui ne sont pas couverts par une assurance de dommages (par exemple les tombes).
-les biens qui sont généralement exclus des garanties des contrats multirisques habitation, comme les clôtures, les terrains ou les jardins...
-les véhicules pour lesquels seule la garantie responsabilité civile obligatoire a été souscrite.